Parfois, il suffit d’un « Adjugué ! » bien senti pour que la fièvre s’empare d’une salle et qu’un simple objet révèle soudain un incroyable trésor… voire un bout d’Histoire à prix record ! Si le monde des enchères garde une part de mystère pour beaucoup, il regorge pourtant de personnages attachants, de trouvailles insoupçonnées – et, il faut bien le dire, de quelques sueurs froides au moment d’ouvrir le porte-monnaie.
Des records… et des histoires sous le marteau
Ce dimanche, la maison Osenat à Paris a assisté à un moment historique (et pas juste pour les finances du commissaire-priseur) : un chapeau de Napoléon s’est envolé pour 1,932 million d’euros, frais inclus, établissant un record pour cette maison d’enchères. Pour ceux qui préfèrent l’histoire en version menu, sachez qu’un vestige des salons du Titanic – le menu d’un dîner, rien que ça – s’est glissé sous le marteau pour la coquette somme de 95 000 euros. Comme quoi, il n’y a pas que les affaires courantes qui s’écoulent à prix d’or. Les enchères offrent tout, des œuvres d’art aux squelettes de dinosaures, en passant par les bijoux qui font briller les yeux et les meubles qui grincent, pour peu qu’on ait l’oreille.
Vous croyez que seuls les riches excentriques fréquentent les salles des ventes ? Détrompez-vous. Les trésors se cachent parfois derrière un coup de cœur – ou un budget… bien négocié !
Les secrets (presque) infaillibles des amateurs
Martin, vétéran des ventes, partage sa stratégie sans langue de bois :
- Je reçois le catalogue à l’avance, je coche tout ce qui m’intéresse (astuce : éviter de cocher « tout » à moins d’avoir le budget de Napoléon justement).
- J’avertis le commissaire-priseur de ma limite : pas question de finir à découvert pour une commode bancale.
- Je participe le jour J avec des gestes précis ; un signe et la magie s’opère… ou s’arrête, quand la somme prévue est atteinte.
D’autres, comme Bruno, baignent dans l’ambiance depuis l’adolescence. Il se souvient : « Mon premier vélo, j’avais 14 ans, offert par mon père, et acheté… en salle des ventes ! » Depuis, il a tout acquis par ce biais : meubles, voiture, tableau, objets en pagaille. Sa passion ? Les faïences de Longwy, qu’il collectionne depuis une quinzaine d’années. À force, il est abonné à Interencheres, ce qui lui permet de recevoir des alertes dès qu’une nouvelle pièce Longwy fait surface à Drouot, la célèbre maison parisienne. Un collectionneur connecté en somme (et pas seulement à l’ancienne !).
Enchérir, mode d’emploi : en salle, en ligne ou au bout du fil ?
Vous pensez que les enchères, c’est forcément dans une salle bondée de curieux ? Pas que ! Vincent, acheteur régulier, s’est lancé dans une aventure toute particulière : repérer une œuvre de Claude Viallat, qu’il adore, sur un site japonais (oui, oui). Quelques formulaires pas vraiment pensés pour les codes postaux à la française plus tard, le voilà inscrit à la vente, guidé par quelques rudiments d’anglais et beaucoup de persévérance : « Je suis online avec des commentaires uniquement en japonais. Super ! »
Son jackpot ? L’œuvre convoîtée pour 1 800 euros, frais à 15 % (là où en France on frôle les 30 %). Même en ajoutant taxes d’importation et frais de port, il a déboursé 2 000 euros, pour une pièce estimée entre 7 000 et 8 000 euros sur le marché français. Comme quoi, l’exotisme peut rapporter gros pour qui ose sortir des sentiers battus… et déchiffrer le japonais à la volée.
Un jeu risqué ? Les enchères, pas pour tout le monde !
Mais attention, tout le monde ne voit pas les enchères comme un eldorado sans ombre au tableau. Les fameux « frais de vente » – sur lesquels Vincent a réussi à grappiller quelques économies – refroidissent plus d’un amateur. Christian n’y va pas par quatre chemins : « Trop élevés, voire abusifs. » Impossible d’y couper : des frais acheteur obligatoires, proportionnels au prix final, à régler à la maison de ventes, et toute une ribambelle de dépenses annexes – port, gardiennage, vente en ligne – qui font grimper la facture. Le prix adjugé, c’est bien ; le ticket de caisse final, c’est rare qu’il fasse sourire.
En somme, quand on aime, il paraît qu’on ne compte pas… Mais il vaut quand même mieux compter avant, ou apprendre l’art subtil du geste d’arrêt à la Martin.
Alors, tenté d’aller battre le record du prochain Napoléon, ou plutôt de mettre la main sur le tournevis familial authentique ? Un dernier conseil : gardez l’œil sur la facture, et toutes les surprises resteront… du bon côté du marteau !

Passionné d’architecture intérieure et de beaux objets, Damian cultive depuis toujours un regard attentif sur l’art de vivre. Après plusieurs années passées dans le design et la communication, il lance Rive Gauche Décor pour partager ses découvertes, ses inspirations et ses coups de cœur. Entre adresses confidentielles, matières d’exception et tendances pointues, il dévoile chaque semaine une vision élégante de la maison, où chaque détail raconte une histoire.